Il est décrit par ses fabricants comme un produit « potentiellement moins nocif » que la cigarette traditionnelle, mais qu’en est-il réellement du tabac chauffé ? Est-il vraiment moins dangereux pour la santé de choisir le tabac chauffé comme alternative à la cigarette ? Aux côtés de l’AFP, le journal Corse Matin s’est intéressé à ce nouveau mode de consommation mis en avant par certains cigarettiers, parmi lesquels Philip Morris et son IQOS avec lequel « il y a moins d’odeur, pas de cendres, pas de fumée ».
Qu’est-ce que le tabac chauffé ?
Ce dispositif proposé par plusieurs marques se présentant sous la forme d’un stylo dans lequel on insère des recharges de tabac se distingue nettement de la cigarette électronique qu’il tente de concurrencer. Les liquides pour vapoteuse ne contiennent pas de tabac et certains ne contiennent pas de nicotine. Le tabac chauffé, lui, comme son nom l’indique, est bien constitué de tabac.
Le principe est simple : le tabac est chauffé, à une température atteignant, pour certains de ces produits du tabac « sans fumée », 300 degrés. Rappelons que la température de combustion est de 850 degrés environ.
Le fait que le tabac chauffé n’engendre pas de fumée et n’expose donc pas ses consommateurs aux substances nocives émises par la fumée d’une cigarette classique est le seul argument des cigarettiers se lançant sur ce nouveau marché.
Tandis que Philip Morris affirme que son dispositif de tabac chauffé engendre « 90% à 95% moins de substances toxiques qu’une cigarette conventionnelle », le professeur de pneumologie Albert Hirsch indique à l’AFP que ces affirmations sont « absolument non avérées ».
Le tabac chauffé, un produit fait pour créer la dépendance à la nicotine ?
Le tabac chauffé est, selon les spécialistes de la santé, tout aussi addictif et dangereux que le tabac classique. Même sans combustion, le tabac contient en effet des substances cancérogènes classées comme telles par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : les nitrosamines.
Certains, comme le professeur Bertrand Dautzenberg, praticien au sein du service de pneumologie de l’Hôpital de la Salpêtrière, considèrent cette nouvelle idée des cigarettiers comme un produit « fait pour créer de la dépendance ». Le tabac chauffé se consomme très rapidement et le fait de prendre plus d’une dizaine de bouffées en quelques minutes seulement entraîne des pics de nicotine qui contribuent à créer et entretenir la dépendance.
Les professionnels de la santé tirent donc la sonnette d’alarme : le tabac chauffé n’est pas un moyen d’aide à l’arrêt du tabac, contrairement à la cigarette électronique qui est ainsi décrite par le Haut Conseil de la Santé publique. Dans un récent rapport, le HCSP indique en effet que la vapoteuse « peut être considérée comme une aide pour arrêter ou réduire la consommation de tabac des fumeurs ».
Sans en assurer la promotion, le HCSP recommande aux professionnels de la santé de ne pas en décourager l’usage par des fumeurs ayant recours à la cigarette électronique dans le but d’arrêter de fumer.